Récolte de miel 2021 : entre 7 et 9000 tonnes. Pour l’UNAF, c’est la pire année de l’apiculture française…

Après une bonne année en 2020, la saison 2021 restera dans les mémoires comme une année désastreuse. Dans de très nombreuses régions à l’exception de quelques zones très rares, les conditions climatiques se sont révélées particulièrement défavorables au printemps et en été et les abeilles n’ont pas pu bénéficier des floraisons.

L’hiver 2020/20201 a été relativement doux sur l’ensemble du territoire et dès les premiers beaux jours, les colonies d’abeilles ont repris leur activité. Les apiculteurs se sont alors réjouis d’une bonne sortie d’hivernage qui leur redonnait espoir.

En raison du bouleversement climatique, les conditions météorologiques se sont dégradées sur l’ensemble du territoire n’épargnant aucune région. De longues périodes de gel, de froid, de pluies ou de vent du nord, se sont succédé durant tout le printemps et une bonne partie de l’été.

Si les récoltes de colza se sont révélées médiocres dans la plupart des régions, en revanche les récoltes d’acacia, anéanties par les gelées tardives et les pluies, ont été nulles sur tout le territoire. Et pour certains apiculteurs, les gelées tardives les privent de récolte d’acacia pour la deuxième année consécutive …

Dans le Sud, les récoltes de printemps : romarin, thym, bruyère blanche ou garrigue, ont été nulles ou médiocres. Dans le Sud Est, hormis dans quelques secteurs défavorisés, la bonne récolte de miel de lavande a sauvé la saison car c’est quasiment un des rares miels produit au cours de cette année.

Les récoltes de miel de châtaignier sont, elles, partout, souvent médiocres. En montagne, les miellées se sont avérées elles aussi globalement mauvaises car souvent trop brèves. Comme dans l’Est, celles de forêt ou de sapin, quasiment nulles. La récolte de tournesol varie selon les bassins mais reste encore souvent décevante.

Le bouleversement climatique, ressenti pas les apiculteurs depuis une bonne quinzaine d’année est bien là. Les floraisons sont de plus en plus précoces et rapides., Dès le mois de juillet dans beaucoup d’endroits, la saison est alors terminée alors qu’auparavant elle s’étalait sur plusieurs semaines en été.

Pour les apiculteurs, les récoltes n’ont jamais été aussi aléatoires alors que les abeilles demandent un soin de tous les instants.

En raison du manque d’apport de nectar qui a engendré des réserves plus que réduites
pour l’hivernage, malgré toute leur attention, de nombreux apiculteurs sont inquiets et se demandent si leur cheptel parviendra à survivre à l’hiver dans de bonnes conditions. En revanche, en 2021, quasiment partout, la prédation du frelon est très faible. Comme les abeilles, il a souffert des conditions météorologiques exécrables.

Pour Christian Pons, le président de l’Union Nationale de l’Apiculture Française : « Compte tenu des informations qui nous sont communiquées par nos syndicats départementaux et nos différents contacts sur le terrain, on peut raisonnablement estimer que la récolte de miel 2021 en France s’élève entre 7 et 9 000 tonnes soit près d’un tiers de celle de 2020. Dès le mois de juillet, compte tenu de la situation dramatique de l’apiculture française, l’UNAF a alerté les services de l’état pour que soit mis en œuvre les calamités agricoles de manière à aider les apiculteurs à passer ce cap difficile. Nous demandons à nos syndicats et aux apiculteurs de solliciter les préfets, les chambres d’agriculture et leurs élus départementaux et régionaux Plusieurs départements ont d’ores et déjà enclenché la procédure. Nous nous en félicitons ! »

L’estimation de l’UNAF est effectuée à partir des éléments fournis par nos syndicats départementaux et les membres du CA répartis sur le territoire national. Nous croisons également ces éléments avec ceux des négociants conditionneurs avec qui nous sommes en relation. Nous tenons également compte des chiffres de la consommation française (40 000 tonnes environ) des importations (plus de 30 000 tonnes) et des exportations qui, elles, restent très faibles. Il s’agit donc d’une fourchette et non d’un bilan à la tonne près qui serait irréaliste. Ainsi élaborée, cette estimation s’avère année après année, pertinente et cohérente, en adéquation avec la réalité de la production française de miel.

Contacts : Christian Pons, président de l’UNAF / 06 75 59 55 53
Dominique Cena, vice-président / 06 73 73 62 82
Gilbert Morizur, trésorier / 06 67 94 97 38

Témoignages d’apiculteurs,
membres du Conseil d’Administration de l’UNAF
et membres d’honneur sur la saison apicole 2021 :

Sur la région du Grand Est, Charles Huck : « Au cours du mois de février, il y avait des retours de froid assez intenses, avec des valeurs comprises entre -12 et -15° C. Cela s’est traduit par un ralentissement du développement des ruches et par une accentuation des pertes hivernales de 30% à 40% environ… Jusqu’à début du juin, il n’y avait aucune récolte possible. Bilan : aucune récolte miel de fleurs, de châtaigniers de tilleul et de rares récoltes pour le miel d’acacia. »

Pour le Puy de Dôme, Jean-Marie Sirvins
: « 2021 restera une très mauvaise année ! Les colonies ont bien hiverné, une végétation en avance mais la météo n’a pas permis de récolte. Récolte nulle pour les miels de printemps et d’acacia. Seule exception le colza, au nord du département avec une récolte correcte. Pour le sapin, la récolte est nulle. »

Félix Gil, dans le Var (83) : « Dans le massif des Maures, avant l’incendie, où j’ai perdu 32 ruches, c’est le miel de forêt qui a sauvé la saison, car pour le châtaignier le manque d’eau a limité la récolte. En bord de mer (Sainte Maxime), la température plus clémente a permis une bonne récolte de bruyère blanche. »

Philippe Gaulard en Bourgogne « Du jamais vu ! En résumé avec 50 à 60% de moins en récolte, une année à oublier au plus vite. Les dernières gelées furent fatales aux fruitiers, acacias, etc. les récoltes de printemps sont nulles. Pas d’acacia ni de tilleul. »

Une année bien médiocre en 2021 en Seine et Marne !
« Peu d’apiculteurs ont récolté du miel de châtaignier. Seul le tilleul a permis de faire des récoltes correctes à certains apiculteurs. 2021 est une année très médiocre… une moyenne estimée à 8 kg par colonie cette année, 30% d’une récolte habituelle ! Certains ont pu récolter un peu de miel de tournesol et de sarrasin. » Jean et Marlyse Boucour et Jean Lacube.

La Mayenne n’y échappe pas ! Thierry Cocandeau
: « Cette année restera pour beaucoup d’entre nous longue et fatigante. La miellée d’été se solde par une récolte très faible à moyenne suivant les secteurs géographiques de notre département. Au vu de cette situation particulière de fin de saison, la préparation à l’hivernage des colonies est à aborder avec la plus grande attention tant les réserves sont au plus bas. 2021, nous rappelle que la nature décide de tous, elle sait nous donner le meilleur comme le pire. »

lle de France Ouest, Jacques Kemp
: « Après une année 2020 excellente,( la meilleure année depuis que je pratique l’apiculture, soit 44 ans, ) la saison 2021 restera la pire jamais constatée. »

Ile de France, Dominique Céna : « Rien ne laissait présager une telle saison apicole ! Le bilan de sortie d’hivernage des colonies était plutôt satisfaisant et très peu de mortalité (en dessous de la barre des 10%). Malheureusement la météo en a décidé autrement avec 8 jours de gel courant avril qui impactent gravement et durablement la ressource florale. Le bilan des récoltes de cette saison 2021 est très simple : peu ou pas de miel de printemps. »

Richard Legrand en Dordogne : « la récolte est médiocre, moins de 50 % de la moyenne des 5 dernières années. Nulle pour certains apiculteurs, ce qui se traduit par une perte très importante au niveau budgétaire. En résumé, année médiocre voire catastrophique. »
« Une récolte médiocre pour les Cotes d’Armor. Une année à oublier ! » Joel Mercier

Henri Clément en Lozère : « Le froid persistant et les pluies fréquentes ont empêché les abeilles de rentrer du nectar et du pollen. Nous n’avions jamais affronté une telle situation. Aucune récolte de printemps. »

Gilbert Morizur Finistère
: « En juin, le mauvais temps dure, certes la floraison décale mais la famine se fait sentir dans les ruches et l’on constate un arrêt de ponte sur certaines ruches en cette période dite de « pleine saison ». A partir du 8 juillet, le beau temps fait son apparition bien tardivement, la ronce est déjà bien avancée, la fleur de châtaignier pointe son nez, les apiculteurs retrouvent un brin de sourire, chacun se dit « on fera malgré tout un peu de miel ». Le bilan se traduit par une production moyenne de 7kg à la ruche… »

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