Mobilisation contre le retour des néonicotinoïdes : participez à la consultation publique jusqu’au 16 janvier !

Le gouvernement a profité des fêtes de fin d’année pour mettre en consultation un projet d’arrêté pour une nouvelle dérogation néonicotinoïdes de 120 jours sur betterave sucrière pour la saison 2022. Cette consultation est ouverte du 24/12/2021 au 16/01/2022 et constitue un premier pas vers une saison supplémentaire de néonicotinoïdes dans les champs de betterave sucrière.

La réunion du 21 décembre 2021 du « Conseil de Surveillance », organe de parties prenantes institué par la loi de décembre 2020 réautorisant les néonicotinoïdes sur les cultures de betteraves sucrières, a abouti à l’émission d’un avis favorable de ses membres à une nouvelle dérogation, malgré l’opposition de la filière apicole et des organisations environnementales.

Les néonicotinoïdes sont des insecticides très puissants et rémanents, dont les effets néfastes sur l’environnement et les insectes pollinisateurs ont été largement décrits scientifiquement. Le risque qu’ils présentent pour l’environnement ne peut pas être circonscrit, de nombreuses études scientifiques démontrent en effet leur capacité à se répandre dans l’environnement de différentes manières.

Comme l’année précédente, l’INRAE présente un modèle météorologique censé prévoir le risque d’occurrence précoce de pucerons dans les cultures de betteraves sucrières, et donc d’évaluer les risques d’occurrence du virus de la jaunisse dans ces cultures. Cette analyse ne permet pas d’exclure le risque, mais pas d’affirmer non plus que les pucerons seront présents en nombre sur les cultures ! Le principe de précaution doit primer face à une telle décision de réautorisation des néonicotinoïdes. Or des solutions en traitements de semences, par essence appliquées avant même de savoir si la plante sera malade, ne permettent pas d’évaluer les risques à la culture.

La fiche transmise sur l’état des réservoirs viraux montre des niveaux faibles de présence du virus, inférieurs à l’année précédente, indiquant également le peu d’intérêt d’une nouvelle dérogation.

Si l’arrêté venait à être adopté malgré tout, les mesures d’atténuation de celui-ci doivent être renforcées. Le gouvernement montrerait ainsi réellement son engagement pour la protection de l’environnement et des pollinisateurs et pour la sortie accélérée des pesticides, comme réaffirmé par le Président Macron en septembre dernier.

La Belgique n’a par exemple autorisé la plantation de cultures mellifères qu’à partir de la cinquième année après l’utilisation de semences de betterave enrobées en néonicotinoïdes, et la plantation de cultures attractives dans une moindre mesure comme le maïs qu’à partir de la troisième année ; contrairement aux rotations à 3 et 2 ans prévus dans l’annexe 2 du projet d’arrêté français. Compte tenu de la toxicité et de la rémanence de ces produits, des rotations plus longues sont donc à préconiser.

La possibilité de planter soja et haricot en N+1 est irresponsable, ces cultures étant attractives pour les abeilles : leur plantation doit intervenir le plus tard possible après l’utilisation de semences enrobées en néonicotinoïdes. Cette possibilité est une nouveauté par rapport à l’arrêté de 2021, l’avis de l’Anses rendu le 13/12/2021 indique pourtant qu’il n’y a pas d’éléments probants permettant l’inscription des haricots et légumineuses potagères en N+1 dans la rotation après usage de traitements de semences néonicotinoïdes.

Le principe de la lutte intégrée contre les ravageurs des cultures, inscrit dans la Directive européenne 2009/128 pour une utilisation durable des pesticides, s’inscrit en faux de l’utilisation de traitements de semences, traitements forcément prophylactiques. Des solutions pour traitement curatif uniquement, en réaction à la détection de la maladie, sont à envisager pour limiter l’usage de produits et se conformer à la directive européenne 2009/128.

Les alternatives existent, comme identifiées par l’Anses, et l’accent doit être mis sur l’accompagnement des agriculteurs et le transfert des connaissances, tout comme sur les principes de lutte intégrée et de sortie de la dépendance aux solutions chimiques.
Soyons nombreux à exiger du gouvernement une politique plus protectrice de l’environnement et des abeilles et autres insectes pollinisateurs !

Pour participer, c’est par ici : https://agriculture.gouv.fr/consultation-publique-projet-darrete-autorisant-provisoirement-lemploi-de-semences-de-betteraves-0

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