Les conditions météorologiques défavorables, marquées par des pluies abondantes et des températures plus basses que la normale, ont fortement perturbé la saison apicole, compromettant la production de miel et la santé des colonies d’abeilles dans beaucoup de régions françaises, notamment dans la moitié nord de la France.
Des conditions météorologiques défavorables
Le printemps est une période cruciale pour l’apiculture. C’est à ce moment que les abeilles sortent de l’hiver, que les fleurs offrent pollen et nectar, et que les ruches commencent à produire du miel. Cependant, en 2024, le printemps a été marqué par des conditions météorologiques extrêmes qui ont grandement affecté ce cycle naturel. Des pluies fortes et nombreuses, mais aussi des gelées tardives qui ont compromis les miellées d’acacia par exemple.
Les pluies incessantes et les températures fraîches ont retardé la floraison des plantes et réduit les périodes d’ensoleillement nécessaires à l’activité des abeilles. « Avec ces conditions, les abeilles ont moins de temps pour butiner et moins de fleurs à butiner », explique un apiculteur de la région Nouvelle-Aquitaine. « Les périodes de pluie les forcent à rester dans la ruche, où elles consomment leurs réserves de miel au lieu d’en produire. »
Une production de miel de printemps en forte baisse
Ces conditions ont eu un impact direct sur la production de miel. Selon les premières estimations, la récolte de printemps 2024 pourrait être l’une des plus faibles des dernières décennies. En effet, les abeilles, moins actives, n’ont pas pu collecter suffisamment de nectar pour produire du miel en quantité suffisante.
« En temps normal, nous récoltons plusieurs centaines de kilos de miel au printemps, mais cette année, nous peinons à atteindre la moitié de ce chiffre », confie un apiculteur de la Drôme. Cette baisse de production pourrait entrainer une hausse des prix du miel, mais elle met aussi en péril la viabilité économique de nombreuses exploitations apicoles, déjà fragilisées par d’autres facteurs tels que les pesticides, les maladies des abeilles, la prédation du frelon asiatique et la mévente de miels en 2023.
L’UNAF a alerté les pouvoirs publics sur cette situation exceptionnelle et invite les syndicats départementaux à alerter les pouvoirs publics, notamment les préfectures, sur cette situation afin d’obtenir des aides conjoncturelles pour les exploitations en difficulté.
Des colonies d’abeilles affaiblies
Les conditions météorologiques de ce printemps n’ont pas seulement affecté la production de miel, elles ont également affaibli les colonies d’abeilles. En restant cloîtrées dans les ruches à cause de la pluie et du froid, les abeilles sont plus vulnérables aux maladies et aux parasites, comme le l’acarien varroa destructor.
De plus, les réserves de miel consommées par les abeilles pour survivre pendant les périodes de pluie prolongées ne sont pas facilement remplacées, ce qui laisse les colonies en déficit nutritionnel. « Dans beaucoup de régions françaises, la combinaison de la pluie, du froid et du manque de nectar a créé un cocktail explosif pour la santé des abeilles », déplore le président de l’UNAF, Christian Pons. « Nous craignons que beaucoup de colonies ne survivent en 2024, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la saison apicole 2025. »
L’avenir de l’apiculture française en question
Ce printemps 2024 souligne une fois de plus la vulnérabilité de l’apiculture face aux changements climatiques. Les apicultrices et apiculteurs, déjà confrontés à des défis structurels, voient leurs difficultés s’aggraver avec des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles. La baisse de production de miel et l’affaiblissement des colonies pourraient avoir des répercussions durables sur l’apiculture française.
L’UANF appelle à une mobilisation de l’Etat et des collectivités pour soutenir le secteur. Ils réclament notamment des aides financières pour compenser les pertes de production et des mesures pour renforcer la résilience des abeilles face aux aléas climatiques.
En attendant, les apicultrices et apiculteurs espèrent que l’été apportera des conditions plus favorables, permettant aux abeilles de se rétablir et de rattraper une partie du retard accumulé. Mais les incertitudes demeurent, et la saison apicole 2024 pourrait bien rester gravée dans les mémoires comme une année noire pour l’apiculture française.
Revue de presse sur les difficultés du printemps 2024
Reportage France 3 Régions Hauts de France
Reportage France Bleu Bretagne
Reportage France 3 Régions Bretagne
Reportage France 3 Régions AURA