L’arrêté « abeilles » du 28 novembre 2003, totalement obsolète et dont l’origine remonte à 1975 (!), s’avère la seule réglementation française encadrant l’usage agricole des pesticides vis-à-vis des abeilles. Les organisations apicoles réclament sa révision depuis près de dix ans, sans cesse promise puis reportée, depuis 2014, sous la pression des firmes agrochimiques et du syndicat agricole majoritaire1. Suite à la consultation publique de cet été, le nouveau projet d’arrêté2 a été remis au Premier Ministre pour l’arbitrage final.
Alors que l’avenir de l’apiculture française en dépend, ses représentants déplorent pourtant n’avoir jamais été reçus ni par le Ministre de l’Agriculture, ni par la Ministre de la Transition écologique eux-mêmes. Et l’absence de considération des contributions apportées par la filière apicole et les ONG environnementales est totalement inacceptable.
Les défenseurs des abeilles dénoncent un projet d’arrêté moins protecteur encore que celui en vigueur ! Redoutant une énième manœuvre politique, ils appellent Jean CASTEX à ne pas le signer sans y avoir intégré leurs revendications3 et sollicitent dans la plus grande urgence un rendez-vous à Matignon.
Mandatée par le gouvernement, l’Anses (qui est aussi le laboratoire de référence de l’UE sur la santé des abeilles) avait pourtant rendu public, le 5 février 20194, un avis sans équivoque. Recommandant en particulier les traitements exclusivement à partir du coucher du soleil, celui-ci constituait une réelle avancée réglementaire en faveur de la faune pollinisatrice pour le butinage des cultures en fleurs et aussi de la protection des riverains… Mais le projet d’arrêté en fait abstraction, illustrant une nouvelle fois le déni scientifique de la part de l’État.
Le très vif intérêt que suscitent la préservation des abeilles et ses enjeux agro-environnementaux, alimentaires et sanitaires devrait guider le gouvernement français. A la veille de sa prochaine présidence du Conseil de l’UE, à l’heure où l’Assemblée Nationale désigne la sauvegarde des abeilles « grande cause nationale 2022 », il devrait saisir l’opportunité de cette nouvelle réglementation pour réconcilier, enfin, agriculture et apiculture et ainsi faire rayonner notre pays.
Les signataires :
Frank ALÉTRU, Président du SYNDICAT NATIONAL D’APICULTURE
Christian PONS, Président de L’UNION NATIONALE DE L’APICULTURE FRANÇAISE
Béatrice ROBROLLE, Présidente de l’association TERRE D’ABEILLES
Contacts Presse :
Béatrice Robrolle, Présidente de Terre d’Abeilles 06 77 40 16 51
Laurence Durand, Attachée Presse de l’UNAF, 06 47 53 36 05
1 Tribune publiée dans “Le Monde” du 27 avril 2021 Réponse des organisations apicoles à Christiane LAMBERT (FNSEA) https://www.sauvonslesabeilles.com/news/individuelle/contre-tribune-plan-pollinisateurs
2 Projet d’arrêté relatif à la protection des abeilles (…) http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-relatif-a-la-protection-des-a2415.html
3 https://www.sauvonslesabeilles.com/news/individuelle/consultation-arrete-abeille-plan-pollinisateurs
4 https://www.anses.fr/fr/content/protection-des-abeilles-l%E2%80%99anses-%C3%A9met-des-recommandations-afin-de-renforcer-le-cadre